La Femme au cœur de deux grands romans de cette rentrée.

Aujourd’hui, j’ai envie de vous parler de deux pépites, deux grands romans de cette rentrée littéraires 2024, deux coups de cœur qui ont marqué mon cœur, mon esprit et ma chair.

Dans Hors-champ de Cristina Comencini, il est question de la femme face à la lutte politique, face aux évolutions de l’Histoire. Quatre destins, quatre pays, quatre époques, quatre manières de vivre et survivre aux événements et au patriarcat. Quatre femmes que j’ai eu l’impression de connaître intimement. Si différentes de moi, si différentes l’une de l’autre, et pourtant… Je les comprenais. Est-ce que c’est ça, la sororité ? Se comprendre, au plus profond de notre corps, sentir qu’on partage quelque chose de transcendant ?

« Je ne devrais pas déborder du récit, des personnages qui ont ainsi surgi en chair et en os, mais j’attribue à la cocote cette conscience, qui est la mienne, qu’aucun homme ne peut pleinement comprendre parce qu’aucun d’entre eux n’a accueilli un autre que soi dans son ventre. Héloïse n’aura pas d’enfants, mais cette possibilité est inscrite dans son corps. Des sentiments de bonne femme. Qu’est-ce qu’une femme comme elle peut bien comprendre aux raisons de l’Histoire, à la nécessité politique de cette guerre ou d’une autre ? »


« Et si le désir d’enfant était l’acte le plus inconsidéré et révolutionnaire de tous ? Au sens premier de porteur d’un renouveau radical. Même si, il faut bien le dire, personne, au cours de l’Histoire, ne s’en est aperçu. Sauf peut-être le taoïste Lao Tseu qui, lorsqu’on lui a demandé de définir la vie d’un être humain, a répondu : « Il est né, il a eu un enfant et il est mort ». »


Dans Medusa, Isabelle Sorente questionne et réhabilite la figure du monstre. Les histoires qu’on se raconte, qu’on nous raconte, nous construisent. L’autrice nous pousse à voir ce que ces histoires nous infligent. Le constat est terrible : les princesses finissent par se métamorphoser en monstres. Les conteurs masculins ne leur laissent pas le choix. Au côté de Méduse, la célèbre figure mythologique, on a envie de se donner le choix. De combattre cette souffrance ancestrale infligée aux femmes. De réécrire la fin du conte. Pour offrir à nos filles, à nos enfants, un avenir équilibré. Pour leur assurer un jour des métamorphoses joyeuses et justes.

« Les princesses embrassent les garçons monstrueux en leur disant je t’aime, on nous raconte que c’est normal et que c’est ça l’amour. Mais quand un héros rencontre un monstre fille, il la massacre. C’est ça que font les héros. Hercule crible l’Hydre de Lerne de flèches empoisonnées, Bellérophon brûle les entrailles de Chimère avec une lance chauffée à blanc, Persée tranche la tête de Méduse. Les héros n’ont aucune intention de prendre leur part de monstruosité, tout ce qu’ils veulent, c’est que les filles continuent à la porter pour eux. Je suis bien obligée de dire que ça me met en colère, ça me rend triste aussi, parce que c’est l’effet que me fait l’injustice en général. Mais je commence à voir d’un autre œil les filles de mon âge et même les femmes adultes. Je commence à voir les monstres qu’elles cachent sous leur sourire. Je préfère les monstres aux princesses parce que ce sont eux, ou plutôt elles, les monstres filles, qui ont les plus belles histoires à raconter. Les princesses sont belles, les héros sont belliqueux, mais les monstres se transforment. »


« Nous sommes toutes filles de Méduse, nous sommes lasses de votre peur et nos serpents veulent être aimés. »


Pourquoi ces livres sont excellents ? Pour tous les sujets qu’ils abordent. Pour leur érudition, les grilles de lectures variées qu’ils traitent. Pour la force de leur narration. Isabelle Sorente et Cristina Comencini : deux artistes à suivre, indéniablement.

2 réponses à « La Femme au cœur de deux grands romans de cette rentrée. »

  1. […] condition de la femme reste l’un de mes sujets de prédilection. Lire Hors-champ de Cristina Comencini 👩 ✊ et Betty de Tiffany McDaniel 💔 🫙, c’était me révolter, […]

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