À la mort de son épouse, Kaspar découvre qu’il ne savait pas tout de Birgit, la femme qu’il aimait et avec qui il partageait sa vie. Ils s’étaient rencontrés à Berlin, avant la réunification. Elle vivait en RDA, lui en RFA. Après avoir fui l’Allemagne de l’Est, Birgit lui avait caché un secret : elle avait eu une enfant…
« La réunification n’aurait rien changé. Qu’est-ce qui aurait dû changer ? J’aurais continué à vivre sans le monde et contre lui, j’aurais continué à marcher à mon pas, continué à pester pour moi seule. Me serais-je réjouie que les alcools soient meilleurs ? Ou ne l’aurais-je déjà plus remarqué ? Je suis contente de ne pas être restée. Je suis contente d’être partie. Je ne veux vivre aucune de ces vies non vécues. Mais je ne peux pas m’en défaire. Mes vies non vécues sont miennes comme celle que j’ai vécue. »
Kaspar décide de se lancer à la recherche de cette fille. Il va rencontrer une population qui se sent méprisée et abandonnée par l’Ouest, se confronter aux échecs de la réunification, à la violence des mouvements d’extrême-droite. Il sera parfois sans voix devant les négationnistes.
La manière avec laquelle Bernard Schlink a choisi de décrire cette histoire est aussi plaisante que l’histoire elle-même. Elle amène énormément de questions sur les fractures de l’Allemagne, et Kaspar est touchant, à essayer de comprendre sans juger, à tenter de laisser de côté ses préjugés. Mais face à l’animosité des discours, à la désinformation, à l’antisémitisme, à l’islamophobie et aux mouvement völkisch, il est démuni. Comme nous, lecteurs.
« Il lut tout ce qu’il put trouver sur les extrêmes droites, les nazis et les néonazis, le NPD et l’AfD, les Nationalistes autonomes, les Identitaires, les Artamans, les Völkisch, leurs colonies et leurs zones nationalistes délivrées, leurs organisations féminines et de jeunesse. Ce fut une lecture déprimante ; il n’avait pas soupçonné l’ampleur de leur prolifération, la mobilité de leur adaptation aux courants contemporains, la force de l’appui qu’ils trouvaient dans la classe moyenne, ni la présence, dans leurs organisations de jeunesse, d’enfants de médecins et d’avocats, d’enseignants et d’universitaires. »
La musique aura un rôle primordial à jouer. Un pont, un ancrage, une bouée de sauvetage. L’art peut-il nous réunir et nous sauver ?
Un excellent roman que je recommande vivement. Tristement d’actualité, après la victoire de l’AfD, le parti d’extrême-droite allemand, en Thuringe. Une majorité historique : la première depuis la Seconde Guerre mondiale…

Répondre à ykerliptak Annuler la réponse.