Constance avait dix-sept ans lorsqu’elle s’est rendue pour la première fois à Yaoundé et a rencontré Jean-Martial. Vingt années se sont écoulées, elle n’est plus en contact avec son premier amour. Pourtant, elle s’interroge : qu’est-il devenu ? Qu’est devenue la professeure dont Jean-Martial lui parlait, cette femme courageuse qui aurait été arrêtée et aurait disparu ? Après tant d’années, tant de silences, Constance retourne au Cameroun, rouvre la porte de son passé, cherche les réponses.
Qui cherche-t-elle ? Son premier amour ? Son passé ? Son futur ? La femme disparue : est-ce la professeure, ou elle-même ? A-t-elle vraiment perdu quelque chose à Yaoundé ? Yaoundé, était-ce une parenthèse ? Ou les parenthèses étaient-elles toutes ces années loin de Yaoundé ?
« Chaque fois que je revenais, Jean-Martial prononçait ces mots : « Bienvenue dans ta nuit. » Il savait que c’étaient mes heures préférées et le temps de nos marches, de nos longues conversations, de la musique qui guidait nos pas et nos corps. À mon dernier retour, il avait dit : « Tout devrait commencer ou finir la nuit : découvrir une ville, traverser un pays, se rencontrer, s’aimer, écrire, naître et mourir. Nous, on se mariera la nuit. Et le lendemain matin, on ne sera plus sûrs, on se dira peut-être qu’on a rêvé et on aura envie de recommencer et ça n’aura jamais de fin. »
Ce texte, teinté d’une douce nostalgie, questionne le passage à l’âge adulte, la découverte de soi à travers la découverte de l’autre. Le besoin de faire pause, arrêt sur image, pour se comprendre soi-même. Je me suis demandé : toutes ces questions que Constance se pose, ont-elles vocation à trouver une réponse ? Je ne crois pas. La beauté de la vie, du temps qui s’écoule, des souvenirs à retrouver et à créer. Tout n’a pas besoin d’être expliqué. Certains lieux, certaines rencontres : c’est peut-être ça, finalement, le sens à y trouver.
« Est-ce que je pourrais raconter à Hemley notre rencontre et notre amour et lui dire que tu étais mon secret et mon trésor et que moi non plus je ne comprends pas pourquoi tu m’obsèdes et ce que je cherche ? Est-ce que nous avons partagé le plus précieux, Jean-Martial ? Est-ce qu’il nous a manqué un geste, un serment pour que l’amour se fige ? »
Quand Constance parle du Cameroun, je pense à mon Maroc. À la femme que j’étais avant mon expatriation à Casablanca, à la femme que j’ai vue se déployer là-bas, dans cette culture que j’aime tant, qui ne sera jamais vraiment mienne, mais fera toujours partie de moi.
Une femme a disparu paraîtra aux éditions Stock le 21 août.

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