À lire, en espérant que nous ne vivrons pas ainsi.

Nous sommes en 2045. Les Etats-Unis d’Amérique n’existent plus. Une nouvelle Sécession a donné naissance à la République Unie (RU), où la technologie contrôle tout, et à la Confédération Unie (CU), une théocratie chrétienne. L’agente Samantha Stengel, qui travaille pour le Bureau de la RU, doit se rendre en zone neutre dans le Minnesota pour une mission périlleuse : éliminer une homologue du camp adverse.

Sous sa forme de roman d’espionnage bourré de suspense, le dernier roman de Douglas Kennedy nous prévoit un avenir glaçant qu’on ne peut que redouter. Dans une société où l’on ne sait plus à qui accorder sa confiance, Sam Stengel est profondément seule. Sa mission fait remonter de nombreux questionnements liés à son passé, à sa famille et à ses choix de carrière. Elle a conscience des failles de la RU, même si elle ne peut l’admettre ouvertement : avec leurs puces implantées derrière l’oreille, tous les citoyens sont surveillés. Mais n’est-ce pas le seul moyen de garantir d’autres libertés, bafouées par la CU et le reste du monde ?

Quand on voit combien les Etats-Unis se déchirent aujourd’hui, on se dit qu’une Sécession n’est pas une idée si loufoque… Il y a déjà deux Amérique qui s’affrontent quotidiennement et de manière toujours plus virulente. Sont-elles irréconciliables ? Le monde est-il en train de sombrer dans une nouvelle ère fasciste ?

« Mais si ça ne me fait pas envie ? avait-il rétorqué. Si je te dis que, pour moi, le monde depuis la Sécession n’est plus qu’un État fasciste déguisé en démocratie ? Si je te dis que je regrette tout ce qu’il y avait de fluide et de raisonnable dans notre pays à l’époque où le droit de vote avait encore un sens ? Si je te dis que j’enrage de devoir vivre dans les décombres de l’avenir auquel je croyais si fort ? »

Si vous êtes déprimés par l’actualité, vous ne risquez pas de trouver de consolation dans ce roman ô combien intelligent pourtant. Je recommande sa lecture : c’est notre devoir de nous confronter aux douloureuses questions liées à l’avenir de notre planète et des futures générations. Est-ce ainsi que nous vivrons ?

« Ah, le facteur humain… Si seulement on trouvait un moyen de mieux le contrôler. Mais aucune avancée technologique n’aura jamais raison de nos besoins irrésistibles de tout foutre en l’air, de se laisser dévorer par la honte, ou de croire que la vie que nous menons n’est pas celle qu’on mérite. La technologie ne vaincra jamais nos doutes. »

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