La quête de supériorité sous-jacente aux rivalités détruit nos humanités. Dans Rossignol, remplacez les conflits entre ethnies – couleurs de peau – religions – nationalités – par des oppositions entre espèces originaires de diverses planètes. Vous atterrirez sur la station, où le métissage est la norme, où les hybridations assurent la paix. Du moins, c’est ce qu’espéraient les pionniers de la station et que défendent encore de nombreux stationniens. La pérennité de la station est menacée par des puristes conservateurs, qui vous inspireront des fascismes passés et tristement d’actualité, dont l’objectif est de stopper le métissage pour prôner une race supérieure.
« Quelle est la définition d’une prison ? Des murs qui vous entourent ? Des pensées qui vous oppressent ? La conscience aiguë de dépendre d’une technologie que vous ne maîtrisez pas ? L’impossibilité de voir votre enfant ? Des règles et des normes qu’on vous impose du fait de votre espèce ?
Nous passons tous nos vies en prison. Ma mère et son obsession des pourcentages. Bren et ses incompréhensions. Lou’Ny’Ha et ses ancêtres. Sphar et sa quête de la perfection. Moi et mon absence de mots. »
Notre héroïne a d’héroïque sa vision d’un monde utopique : un monde mélangé. Qui dit mélange, dit tolérance, dit également espoir et progrès. Dans ce récit unique, alternant les souvenirs passés de la protagoniste et son présent en danger, nous découvrons également une mère. Une femme, dont les fragilités sont des forces. Car la force est loin d’être celle prônée par les puristes… Audrey Pleynet interroge le rôle de la parentalité, montre combien il est beau mais difficile de défendre ses idéaux tout en espérant être présent pour son enfant.
« AVANT D’ÊTRE MÈRE, je pensais qu’avoir un enfant consistait à lui apprendre des choses. Il en fut bien autrement. Joshua apprenait par moi, certes, mais surtout par les autres, par lui-même, en observant, en écoutant, en faisant ses propres expériences. Comme je l’avais fait avant lui. Mon rôle de mère, au-delà de ses besoins vitaux, n’était que de le rassurer. Vis-à-vis du monde, des bruits soudains autour de lui, de mon absence, de la lumière trop vive, du temps qui passe et qui lui apportera mille émerveillements ; le rassurer vis-à-vis de l’autre qui devient son camarade, qui lui pardonnera ses fautes s’il se montre honnête. Je me dépouillais de gestes, mots, attitudes que ma mère m’avait prodigués quand j’étais petite, sans que je les comprenne, pour les passer à mon fils, l’en revêtir. Armure chatoyante face aux monstres du dehors. Et moi, nue tout à coup, fragile, au moment où je devais être la plus forte. Je réalisais la charge qui m’incombait, le bonheur d’une vie, lui insuffler la confiance face aux épreuves, à la souffrance, à la mort. »
Une pépite de SFF découverte grâce à Thibault de la Librairie Carpe Diem.

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