Une invitation aux réflexions et aux émotions.

Dans le tumulte de la maternité et de ma nouvelle vie de jeune maman, j’ai volé quelques minutes chaque jour pour retrouver Emma et les pensionnaires de l’Ehpad des Jasmins. Les thématiques abordées sont nombreuses. Voici celles qui m’ont particulièrement touchée : le travail social, la transmission, la famille, la quête de soi, l’entraide face aux épreuves, le lien à la nature, le deuil et la fragilité de la vie.

La plume de Sila est douce. Elle nous transporte vers l’universel, à travers ses personnages si humains (trop humains ?), comme nous. Emma est débordée par ses émotions. Complètement perdue dans sa vie, entre son orientation professionnelle balbutiante, ses parents qu’elle voit s’éloigner, et surtout sa grand-mère, dont la santé déclinante est une grande source d’inquiétude. Les résidents de l’Ehpad ont chacun leur jardin secret : apprendre à les connaître avec Emma fut une joie durant ma lecture. À travers cinq résidents en particulier, l’autrice parvient à rendre une humanité tristement niée aux résidents de ces structures.

« À toutes celles et ceux qui font naître des fleurs sur l’Arbre de Vie des autres. »

La plume de Sila est nuancée. Elle déploie dans le roman les réalités d’un monde que beaucoup occultent, les difficultés des travailleurs et travailleuses sociaux, la peur de vieillir et la solitude de nombreux résidents dans les Ehpad. La mère d’Emma, directrice de la structure, est embarquée dans le tourbillon des logiques financières, des comptes à rendre aux actionnaires. Pourtant, il serait hypocrite de notre part de la juger. La lecture du Parfum de l’osmanthe est une invitation à réfléchir. Quelle société souhaitons-nous défendre ? Quel avenir pour nos aînés ? Que fais-je pour ceux qui vieillissent ? Ai-je suffisamment été présente pour mes grands-parents ? Saurai-je l’être davantage ? Sans culpabilité, sans culpabilisation, ces questions sont primordiales.

La poésie de l’osmanthe, qui abrite entre ses branches la relation entre Emma et sa grand-mère, est l’un des plus beaux éléments du roman, et m’avait déjà conquise lors de ma rencontre avec Sila durant des ateliers d’écriture. La nature nous insuffle de la force à travers maintes leçons, et la première d’entre elles, c’est son cycle. La floraison est une métaphore multiple de nos vies, et chacun peut y projeter ce qu’il souhaite. Et ce dont il a besoin.

« Tous les contes de fées se terminent par « et ils vécurent heureux…». On ne sait rien de la suite de l’histoire, et il est fort probable que cette phrase archétypale satisfait un mensonge, ou représente un simple raccourci. On a tous fait l’expérience dans notre vie, d’un évènement responsable de l’extinction de la lumière de nos yeux. C’est ce à quoi pense Emma, assise sur le parterre de fleurs couleur tango qu’a offert, une fois de plus, le majestueux osmanthe qui occupe l’avant cour de la maison. Cette floraison signifie beaucoup de choses, et elle essuie beaucoup de larmes, aussi, car aucune vie n’échappe à la règle, elles ont toutes des plaies. Tout ce changement défile dans sa tête, comme ces folioscopes de bonhommes qu’elle dessine aux coins inférieurs de ses carnets. Elle inspire profondément le parfum jasminé, cette fragrance jalousée par des notes d’abricot et de pêche. Son esprit sombre dans les tubules de quelques fleurs qui trouvent refuge au creux de sa main. Elle pense à sa grand-mère. C’est inévitable. »

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