Trois femmes. Trois époques. En 1619, Altha est accusée de meurtre et jugée pour sorcellerie. En 1942, la jeune Violet est passionnée par les insectes et la botanique. Son père, un homme sévère et distant, ne cesse de la rabrouer sur les convenances, effrayé qu’elle ne devienne comme sa défunte mère. Mais qui était Elizabeth Weyward, surnommée Lizzie ? En 2019, Kate a enfin rassemblé le courage nécessaire pour s’enfuir loin de son compagnon violent qui la maintenait totalement sous son emprise. Elle a tout prévu (changement de portable pour être intraçable, dépôt de cash sur un compte bancaire secret), et l’héritage de sa grand-tante d’un cottage dans un petit village lui offre la cachette idéale.
Ces trois femmes subissent de plein fouet la violence patriarcale, à travers les attitudes monstrueuses d’individus supposément proches. Ce sont elles qu’on qualifie de monstrueuses, pourtant. Les sorcières. Altha pactiserait avec le diable, à vivre en recluse, connectée à la Terre et aux animaux. Violet serait une inadaptée et la honte de la famille, à crapahuter dans le jardin ou à la bibliothèque plutôt qu’à apprendre comment broder et tenir une maisonnée. Kate serait une femme faible, responsable du décès de son père dans l’enfance.
« Witch. The word slithers from the mouth like a serpent, drips from the tongue as thick and black as tar. We never thought of ourselves as witches, my mother and I. For this was a word invented by men, a word that brings power to those who speak it, not those it describes. A word that builds gallows and pyres, turns breathing women into corpses. »
J’ai adoré voir leurs personnalités se déployer dans ces pages. Elles sont si touchantes, si inspirantes. Leurs histoires résonnent entre elles, bien sûr, mais aussi avec les nôtres, avec celles de nos sœurs, de nos amies et de nos aïeules. Trois femmes que la société essaie de façonner. Que les hommes cherchent à contrôler. Et je ne parle évidemment pas que de contrôle du corps féminin : le contrôle doit être total et donc opérer sur l’esprit également.
« Kate knows better than anyone how dangerous men can be. The thought sparks fury in her. She’s not sure if it’s a new feeling, or if it was always there, smothered by fear. But now it burns bright in her blood. Fury. For herself. And for the women that came before. »
Ces trois femmes luttent malgré tout. Elles puisent dans le pouvoir ancestral des sorcières, un pouvoir dont nous possédons toutes les racines en nous pour bousculer les codes et avancer. Cela passe par une première acceptation difficile : celle de soi. Chacune doit se regarder en face et se dire : oui, je suis une femme, une sorcière parmi les sorcières. Je ne laisserai plus les injonctions du patriarcat me détruire ou dicter ma conduite. Les hommes devront m’accepter ainsi, ou me laisser en paix.

Laisser un commentaire