Une fantasy Ă©pique qui bouscule les codes du genre đŸŠŠâš”

Quelle agrĂ©able surprise que ce roman d’Estelle Tolliac ! D’une plume exquise (elle a toujours le bon mot, chaque phrase est minutieusement travaillĂ©e), elle nous raconte l’histoire de son monde en reprenant et en bousculant les codes de la fantasy Ă©pique comme on l’aime. La narration est originale : on dĂ©couvre petit Ă  petit chaque personnage-clĂ©, et finalement, tout s’emboĂźte dans une fin spectaculaire et rĂ©ussie.

Le Continent ne s’était pas prĂ©parĂ© Ă  la menace du peuple des Antharites, ces guerriers aveugles aux mƓurs patriarcales hyper violentes. Les principautĂ©s risquent de tomber sous leur joug, la guerre est imminente. Philites, Zis, Salins, CorĂ©liens seront-ils prĂȘts Ă  unir leurs forces pour les repousser ?

Si le peuple cruel, viriliste et bestial des Antharites, opposĂ© Ă  celui, fĂ©minin et proche de la nature de l’üle de Guernanor, sont fonciĂšrement manichĂ©ens, l’autrice nous offre une palette de peuples et de sous-intrigues aussi subtiles que l’ensemble du roman. J’invite tout lecteur du genre Ă  se laisser happer par cet univers unique.

« Ainsi naquit le peuple fĂ©minin de Guernanor. GĂ©nĂ©ration aprĂšs gĂ©nĂ©ration, contredisant toutes les lois de la nature, dĂ©fiant toute logique, la vie s’engendra toute seule du ventre mĂȘme des femmes. Au bout d’un siĂšcle, elles Ă©taient une centaine. Au bout de trois siĂšcles, elles furent un millier. Alors la fertilitĂ© des femmes parut s’inflĂ©chir quelque peu, et lĂ  oĂč leurs arriĂšre-grands-mĂšres avaient pu donner naissance parfois Ă  dix fillettes, elles n’en eurent plus qu’une Ă  trois chacune. On comprit que l’Ăźle avait atteint son but. La perpĂ©tuation Ă©tait assurĂ©e. »

PS : Ă©norme coup de cƓur pour le personnage de JĂ©risbĂ©e, une hĂ©ritiĂšre et une monarque inoubliable.

« On Ă©tait Ă  quelques instants d’un Ă©vĂ©nement absolument capital dans sa jeune vie. Elle aurait aimĂ© que cela intervienne plus tard et dans des circonstances moins tragiques que celles qui suivaient le dĂ©cĂšs inopinĂ© de son pĂšre, mais JĂ©risbĂ©e allait aujourd’hui revendiquer les plus hautes fonctions du malatinat de GĂ©socrite. Tenter de revendiquer, ne pouvait-elle empĂȘcher son esprit sourcilleux de corriger.

Elle Ă©tait la fille de ClĂ©ored de Cis-BrĂȘmen, feu le malatin de GĂ©socrite. Ce titre correspondait au sein du peuple zi des Vastes Plaines Ă  celui de duc ou de prince dans d’autres pays. Or cet homme bon, un peu revĂȘche parfois, mais profondĂ©ment intelligent et aimant envers ses deux filles, venait de trouver la mort lors d’une stupide chute de cheval. JĂ©risbĂ©e Ă©tait la cadette. Elle n’avait pas vingt ans. Elle se retrouvait orpheline, sa mĂšre Ă©tant morte en couches Ă  sa naissance. Elle avait toujours su qu’elle serait appelĂ©e un jour Ă  de hautes fonctions au sein du malatinat de GĂ©socrite, mais tout de mĂȘme, elle avait beau n’avoir eu de cesse d’entraĂźner son esprit aux joutes oratoires inhĂ©rentes Ă  l’exercice du pouvoir, elle avait bien pu passer des nuits entiĂšres Ă  apprendre par cƓur tous les registres, toutes les rĂšgles, toutes les lois du peuple zi, elle devait reconnaĂźtre que la partie serait rude et pĂ©rilleuse. Sa dĂ©termination Ă©tait Ă  la hauteur de l’importance de sa tĂąche, sans faille, et ce depuis des annĂ©es dĂ©jĂ . »

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