Emouvant et rĂ©voltant đŸ”„đŸ‘©â€đŸ‘Š

Ava Turner est perdue. Avec son fils de dix ans, Toussaint, elle se retrouve sans emploi, virĂ©e de la maison par son compagnon, avec seulement quelques dollars en poche. Tous deux se retrouvent dans un foyer d’accueil Ă  Philadelphie. Ils cĂŽtoient les sans-abris, basculent dans une communautĂ© alternative
 À leurs cĂŽtĂ©s, nous vivons la prĂ©caritĂ© au jour le jour. Nous observons ce qu’elle inflige comme blessures profondes Ă  l’égo, Ă  l’individu. S’ajoute Ă  la prĂ©caritĂ© le racisme systĂ©mique dont les Afro-AmĂ©ricains sont victimes. La dĂ©sillusion des annĂ©es 1980 est palpable, avec la fin du mouvement des Black Panthers.

Ava est une jeune femme compliquĂ©e et complexe, Ă  la fois solide et fragile. Elle a coupĂ© les ponts avec sa mĂšre et refuse de lui demander de l’aide. Elle est tombĂ©e amoureuse de Cass, un ancien Black Panther charismatique pas trĂšs clean sur ses actions et sur ses intentions.

J’ai mis du temps Ă  entrer dans le roman car, je ne vais pas le cacher, il est long et demande de prendre son temps (ça ne s’applique pas qu’au dĂ©but : ce n’est pas un page-turner, sauf sur les derniĂšres pages qui sont trĂšs intenses). Mais je me suis vraiment attachĂ©e Ă  Ava et Toussaint, et je peux dire que cette lecture en vaut la peine. Je voulais savoir comment ils allaient se sortir de ces difficultĂ©s incessantes, de ce cercle vicieux qu’est la pauvretĂ©. Comment un adolescent de 10 ans peut s’épanouir. Comment une jeune mĂšre seule peut survivre et aider son fils. Je leur voulais tant de bien


C’est une lecture qui m’a surtout Ă©mue. Elle m’a Ă©videmment souvent rĂ©voltĂ©e, mais face au systĂšme capitaliste et raciste ultra violent des USA, cette rĂ©volte en devient Ă©puisante.

« Il entra dans une cabine tĂ©lĂ©phonique et dĂ©crocha le combinĂ©, mais ressortit sans avoir appelĂ©. Il s’attarda Ă  un feu rouge prĂšs de Poplar Street, Ă  quelques rues de l’ancien quartier gĂ©nĂ©ral des Black Panthers. Ava se demanda s’il Ă©tait toujours lĂ , elle se souvint de Cass Ă  son poste dans la piĂšce donnant sur la rue. Regardez-nous maintenant. Ava Ă©tait contente de ne pas avoir dit Ă  Toussaint que son pĂšre Ă©tait un Black Panther ; contente de ne pas avoir Ă  expliquer qu’ils avaient tous Ă©tĂ© assassinĂ©s ou arrĂȘtĂ©s ou Ă©taient dĂ©sormais en train de fumer du crack dans une ruelle. Tout ce qui en restait, c’Ă©taient des enfants sans pĂšres et des veuves en furie, tandis que tout le monde se bousculait pour ne pas tomber dans un trou, lĂ  oĂč, auparavant, se trouvait un champ de gloire. »

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