Aujourd’hui, je vous présente ma plus belle lecture, mon gros coup de coeur de la rentrée littéraire à venir : un texte lumineux, plein d’espoir, et empli d’une magie qui n’a rien de surnaturel : la magie du vivant. Publié aux éditions Mémoire d’encrier, La danse des flamants roses de Yara El-Ghadban paraîtra le 5 août.
La Mer morte a rebattu les cartes de notre monde en répandant la maladie du sel. L’épidémie décime l’humanité. Mais dans la vallée, une poignée de survivants se reconstruit. Grâce aux flamants roses. Sous l’Arbre de vie, deux anciens ennemis, Amana la Palestinienne et Maïmoun le rabbin Israélien, donnent naissance au premier enfant d’après la catastrophe. Alef est l’enfant du renouveau.
« C’est un cadeau et un fardeau. Ceux qui font la sarha disparaissent parfois. Apprendre à se perdre volontiers, se laisser guider par les sentiers invisibles. Céder sa vie à la vie, s’abandonner à la vallée… Revenir moins humain. C’est la seule façon d’être vivant parmi les vivants. »
Dans la vallée, avec Ankabout l’araignée qui tisse le passé, le présent et le futur autour de jolis poèmes, Yara El-Ghadban m’a complètement emportée. Son texte est unique et beau. Un rappel et une mise en garde de tant de choses. Toute cette violence qui s’abat sur les Palestiniens, les Israéliens, notre monde, nos sociétés. La colonisation, les privilèges, l’abus de pouvoir des puissants. Tout disparaît face à la maladie du sel. Pour redevenir vivants, il a fallu la mort. Pour redevenir humains, capables de vivre en communauté, il a fallu les flamants roses.
« Combien de langues les humains avaient-ils inventées ? Combien en avaient-ils oublié ? Il a fallu la fin du monde pour retrouver la première de toutes les langues, celle qui nous liait à la vie. Celle qui nous liait à tous les vivants de cette terre. Celle qui nous a ôté le nom de prédateur. Celle qui nous a appris à attendre attendre que la vie nous nomme. »
L’émotion commence dès la première page et ne se tarit jamais. Voici les premiers mots de l’autrice : « Le 7 décembre 2023, le poète palestinien Refaat Alareer est assassiné. Il est parmi des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants tués à Gaza par les bombes israéliennes. Son poème If I must die, hymne à l’humanité, résonne dans le monde entier. S’il doit mourir, écrit-il, nous devons vivre, pour raconter son histoire, fabriquer un cerf-volant, répandre l’espoir.
Ce roman est un cerf-volant. »

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