L’heure des femmes, c’est toute l’année, peu importe son genre !

Dans ce roman, Adèle Bréau nous raconte sa grand-mère, Menie Grégoire, chroniqueuse chez RTL dans les années 1970s. Diffusée dans l’après-midi, son émission consacrée aux problèmes des femmes a eu un écho et un impact impressionnant sur la société. J’ai aimé sentir l’époque dans le livre. Sentir les chamboulements au sein des ménages, dans les rues, les villes et les villages. À la fin des années 1960, les femmes sont nombreuses à travailler ou à vouloir travailler. Mais elles doivent toujours s’occuper de la maison et des enfants. Elles trouvent en Menie Grégoire une confidente, parfois même une conseillère.

« Journaliste. Ça a de la gueule. Même s’il s’agit d’écrire dans des journaux de bonnes femmes. Mais les bonnes femmes, moi, ça m’a toujours intéressée, songe-t-elle. Même si personne ne s’en soucie. »

Adèle Bréau a inséré des lettres originales des auditrices de Menie. On sent en les lisant combien elle leur a fait du bien. Malheureusement, Menie a aussi été insultée, accusée de corrompre les mœurs, son travail a été bafoué, dégradé. Il n’en reste pas moins que cette petite dame élégante en toutes circonstances, bourgeoise parisienne, a contribué à l’évolution d’un féminisme pluriel. J’ai aimé la découvrir ainsi, dans un roman rythmé par trois époques et trois protagonistes.

Les parallèles avec notre époque sont pertinents, grâce à l’expérience de vie de la narratrice. Ils permettent de questionner l’évolution de la place de la femme, les luttes à mener. 1967, les combats pour la contraception et l’avortement, 1975 et la loi Veil, ce n’était pas il y a si longtemps. Quand on lit ces pages, on réalise combien de chemin a été parcouru. On réalise aussi combien le chemin est encore long pour l’égalité entre les sexes.

Un bon roman à dévorer à tout moment de l’année, peu importe son genre. Car l’heure des femmes, c’est tout le temps !

« – Non, pas le soir.

Elle pense déjà qu’une émission pour elle toute seule, qui n’y connaît rien, et que personne ne connaît, c’est une folie. Mais cette histoire d’horaire non. Ça ne va pas.

Et pourquoi donc ? s’étonne-t-il, pas convaincu.

– Parce que le soir, les maris et les enfants sont là. L’après-midi, c’est mieux. Les femmes sont seules chez elles. Elles en ont fini avec les tâches matinales, le déjeuner de leur époux. Les petits dorment. C’est leur seule pause. Et puis, elles seront sûres de ne pas être écoutées ou reconnues par leurs bonshommes qui seront au travail.

Philippe sourit, admiratif.

– On peut dire que vous connaissez votre sujet, Menie. Va pour l’après-midi, l’heure des femmes ! J’imagine que c’est un oui ?

Pas du t…

Parfait ! On va faire des affiches, une promotion de tous les diables. Personne ne vous connaît. Il faut vous construire un personnage. Pas trop dame patronnesse, ni trop bourgeoise. Une dame de confiance.- Mais je veux rester moi-même ! »

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