Une bonne surprise que ces polars norvégiens !

Le polar n’est pas un genre vers lequel je me tourne naturellement. Mais un ami m’a prêté L’usurpateur de Jørn Lier Horst. Verdict : il a eu raison de me le recommander si chaudement. J’ai enchaîné avec la lecture du dernier ouvrage de l’auteur norvégien paru aux éditions Gallimard : Le mal en personne. Il est encore meilleur !

Dans la collection, chaque ouvrage suit une enquête de l’inspecteur William Wisting. En parallèle, sa fille, Line, est journaliste et travaille sur ses propres dossiers, souvent liés à ceux de son père.

L’écriture est fluide. Le suspense est réussi, la tension de plus en plus haletante. L’auteur diffuse des indices et brouille les pistes. On se laisse prendre au jeu de l’enquête. Le cadre norvégien est intéressant : on en apprend sur les mœurs de la société. La météo est presque un personnage des romans, entre la neige intense dans L’usurpateur et la brume humide dans Le mal en personne.

Je me suis attachée à Wisting et Line. Tous les deux sont passionnés par leur travail, déterminés à aller jusqu’au bout, même si cela peut parfois mettre en danger leur carrière ou leur vie. Si les deux ouvrages que j’ai lus sont axés autour de criminels déviants, j’ai apprécié que rien ne tombe dans le glauque ou l’hémoglobine à outrance (autrement, je n’aurais pas poursuivi).

Un nouveau tome m’attend déjà dans la bibliothèque. Je les lis donc dans le désordre, mais je pense que les enchaîner chronologiquement est l’idéal, car la vie des deux protagonistes évolue en fil rouge derrière les enquêtes, et c’est plaisant.

« – J’ai bien compris, mais ce dont j’ai besoin, c’est qu’un spécialiste m’explique ce qu’est la cruauté. D’où elle vient, à quoi elle peut conduire.

Le psychiatre s’avança vers elle.

« La cruauté, c’est l’obscurité intérieure. Un besoin impérieux d’infliger des souffrances à autrui. »

Line nota ses paroles. Elle aimait ce qu’elle entendait. Cette voix rugueuse et ce discours imagé passeraient bien à la télévision.

« Son origine est plus difficile à déterminer. Je suis parvenu à la conclusion que c’est un phénomène que nous ne comprenons pas et dont nous ne pouvons pas nous prémunir, que nous ne pouvons ni maîtriser ni empêcher. Comme l’amour. »

Il lui adressa un petit sourire, redressa le buste.

« Il n’est pas certain que la cruauté soit une déviance psychologique. En l’occurrence, elle pourrait avoir sa racine dans des processus cérébraux physiques. Les études montrent des anomalies structurelles dans l’aire où se forme la personnalité. Des zones essentielles au ressenti de la honte, de la compassion, sont endommagées. Ces cellules n’existent pas. Il n’y a pas de matière grise là où la réaction émotionnelle face au mal aurait créé des remords, de la honte, de la culpabilité, de l’anxiété, du malaise. » Line reconnaissait des éléments lus dans le mémoire de Maren Dokken.

« – Mais les psychopathes font la différence entre bien et mal ?

– Un psychopathe peut s’adapter. »

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