Après des années d’incarcération et un passé difficile, Tookie travaille dans une librairie indépendante de Minneapolis et mène une vie paisible avec son mari Pollux. Le décès de Flora, une cliente emblématique à la fois adorée et détestée pour son obsession envers les peuples autochtones, bouscule son quotidien. L’esprit de Flora refuse de quitter les lieux et hante la librairie. Pour faire face à ce problème de fantôme, Tookie va devoir affronter les fantômes de son propre passé. Après sa sortie de prison, n’aurait-elle pas trop vite enfermé tous ses souvenirs douloureux dans une boîte de Pandore ?
« Cinq jours après sa mort, Flora venait encore à la librairie. Je ne suis toujours pas totalement rationnelle – normal : je vends des livres. N’empêche. J’ai eu du mal à l’accepter. »
J’ai adoré l’ambiance de cette librairie. À chaque fois que j’ouvrais le roman, j’avais envie de m’y téléporter, de déambuler entres les rayons en humant les odeurs d’herbes sacrées, de demander conseil à l’équipe pour découvrir les grands noms de la littérature amérindienne. Ce roman regorge de conseils de lecture. C’est un hommage à la littérature, à nos bibliothèques. Car oui, les livres sont des biens de première nécessité !
« Rien ne fait plus plaisir à Penstemon que tendre un livre qu’elle aime à quelqu’un qui veut le lire. Je suis pareille. On pourrait dire que ça nous ravit, même si « ravir » est un mot que j’emploie peu. Le ravissement manque de consistance ; le bonheur a plus d’assise ; l’extase est ce que je vise ; la satisfaction, ce qu’il y a de plus dur à atteindre. »
J’ai adoré Tookie. Forte et fragile à la fois, tellement humaine. J’ai adoré tous les personnages croisés, Pollux, les collègues de Tookie, les clients de la librairie (même les plus agaçants). Tous sont si bien caractérisés. Je reviendrai leur rendre visite, au hasard des pages.
« Et voilà qu’en parcourant ces rues paisibles, j’ai été prise d’une nostalgie pour le présent – d’abord une vague perturbation, puis un franc désespoir devant la facilité avec laquelle le changement climatique altère notre monde, abolissant ce qui nous est précieux, normal. Marcher dehors en pull léger par un beau soir de novembre était un plaisir empoisonné. »
J’ai adoré le style de Louise Erdrich, son trait d’humour, ses engagements narratifs. Elle a su capter notre époque. Certains passages étaient difficiles : l’année 2020 était une sorte d’année zéro pour nous tous. La pandémie, l’assassinat de George Floyd, les angoisses mentales et économiques dues aux confinements, les émeutes et la violence. Tout cela, nous le revivons avec Tookie, avec les mots forts et justes de l’autrice. Et nous le traversons, grâce à la force de l’humanité, de la communauté, de la littérature. Je ne peux que recommander ce bijou, et il me tarde de découvrir le reste des œuvres de Louise 💙.
« Comme tous les États de notre pays, le Minnesota a vu le jour dans le sang, par la dépossession et l’asservissement. »

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