Maggie O’Farrell s’inspire de la vie de Lucrèce de Médicis et donne vie à une héroïne inoubliable, dont le destin m’a énormément peinée. Tout commence en 1561, alors que Lucrèce est persuadée que son époux, Alfonso II d’Este, duc de Ferrare, veut l’assassiner. L’autrice alterne ensuite avec des bonds dans le passé, nous permettant de découvrir Lucrèce depuis sa naissance. Troisième fille du duc de Toscane, elle est une enfant solitaire au cœur indomptable. Sous ses airs timides ou absents se cache une âme assoiffée d’apprendre et de créer. Un mariage arrangé l’unit à l’homme qui était pourtant promis à sa grande sœur défunte : une bien triste manière de débuter une vie conjugale…
La plume de l’autrice m’a subjuguée : elle décrit chaque scène d’une manière inédite, mettant le doigt sur des détails, ces petits riens qui font tout. Comme un peintre qui parvient à capter chaque nuance du réel, elle donne naissance à un tableau unique. La personnalité de Lucrèce, magnifiée par cette narration, a fait que tout au long de mon écoute, j’entrevoyais une sœur, une cousine ou une amie proche, que je rêvais d’aider face à ce mari terrifiant.
La violence et l’ambiguïté du tempérament d’Alfonso me l’ont rendu insupportable, lui qui est tantôt charmeur et attentionné, tantôt froid, égoïste et brutal. La lumière de Lucrèce m’était d’autant plus brillante et précieuse à mesure que la noirceur d’Alfonso perçait au grand jour… Et tout au long du roman, je voulais préserver cette lumière, cette soif de vivre d’une jeune femme et artiste, sensible à la beauté du monde avec tant d’entrain.
Mais nous connaissons toutes et tous l’Histoire, et à l’époque de la Renaissance italienne, la condition d’une femme, aristocrate ou roturière, n’était jamais enviable. Pauvre Lucrèce, allégorie de toutes ces femmes au destin volé par la cruauté, la cupidité et la bêtise des hommes.
Il s’agit d’un roman historique, d’une fiction donc. Maggie O’Farrell, pour écrire le destin de Lucrèce, s’est inspirée d’un poème de Robert Browning, My Last Duchess, ainsi que du portrait de la jeune femme réalisé par Agnolo Bronzino.


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