Christopher est un traveller irlandais, un Pavee, âgé de onze ans. En 1959, sa vie bascule à la mort de son grand-père, son cher Grand-Pa, qui lui envoie un message alors que sa roulotte est en feu, en pleine cérémonie d’adieu. Une vieille photo s’échappe du brasier et s’envole jusqu’à Christopher. Un bébé joufflu y est tenu par une femme à la beauté saisissante. Autour du cou de la femme, Christopher reconnaît son médaillon. Lui qui a toujours cru que sa mère était morte en lui donnant la vie, lui qui supporte quotidiennement la culpabilité de l’avoir tuée, ne comprend pas.
« Peut-être que je savais que la jument allait mourir. Peut-être que c’était pour ça que je me sentais si connecté au petit poulain, parce que ma maman à moi était morte aussi, quand je l’avais tuée par accident en naissant. Je ne pouvais pas m’empêcher de me demander si c’était une nuit comme celle-ci, si tout le monde attendait, malheureux et hors d’haleine, l’horrible nouvelle de ma naissance. Une vérité si banale : une femme de la communauté des travellers qui envoyait son âme aux cieux tandis que son bébé glissait, glapissant et sanglant, dans ce monde rude et sale pour y prendre sa place. Y a rien de pire que le chagrin ordinaire. »
La quête d’identité de Christopher m’a émue, souvent aux larmes. Le jeune garçon grandit, interroge les coutumes de sa communauté, questionne sa place dans la société. Je n’ai cessé de m’attacher à lui et à sa famille. J’avais besoin de comprendre avec lui.
Les descriptions, les sensations, prennent une saveur particulière à travers la voix de Christopher, le narrateur. Il y a beaucoup de poésie dans son rapport au monde et à la vie. La candeur liée à son âge rend la narration d’autant plus belle. Tout n’est bien évidemment pas tout rose, et il apprend à faire face aux regards et aux paroles qui blessent.
En refermant le livre, j’ai ressenti une vague d’amour pour mes parents. Je ne sais pas comment expliquer pourquoi autrement qu’en conseillant de lire ce livre. Merci, Jeanine Cummins, de m’avoir à nouveau bluffée et submergée d’émotions de toutes sortes. Ce roman est très différent d’American Dirt, mais j’y ai retrouvé tout votre talent de conteuse.
Coup de cœur pour ce livre, pour ce garçon du dehors, pour cette relation père-fils, pour ces travellers libres et fiers.
« Dehors, nos roulottes étaient en rang d’oignons tout le long de la grande rue de la ville. Elles étaient belles, alignées comme ça, une vraie parade de couleurs chatoyantes – les plus jolies d’entre elles ornées de doré, de vert et de rouge brillant, avec des arabesques et des fioritures qui dégringolaient sur les côtés et donnaient l’impression que ces fichues roulottes, elles étaient en mouvement perpétuel. Même quand ses roues bougeaient pas, une roulotte bien peinte sentait constamment le vent qui l’encourageait dans ses avant-toits. »

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