Bouleversant et émouvant.

Depuis le décès de son épouse, Théo, astrobiologiste, élève seul son fils de neuf ans, Robin. Le garçon est tellement sensible qu’il ne supporte pas ce que les adultes font subir à la planète Terre, aux plantes et aux animaux. Incapable de comprendre les membres de son espèce, il hurle, éclate dans des crises qui le rendent dangereux pour lui-même, refuse de se rendre à l’école. Alors que le traitement médicamenteux est présenté comme l’inéluctable solution à laquelle Théo refuse de se résoudre, un ami de son épouse lui propose une alternative révolutionnaire. Robin devient l’objet d’une expérimentation inédite basée sur une intelligence artificielle qui, progressivement, l’aide à s’ancrer sur Terre et avec sa mère disparue.

« Elles ont beaucoup en commun, l’astronomie et l’enfance. Toutes deux sont des odyssées à travers des immensités. Toutes deux en quête de faits hors de portée. Toutes deux théorisent sauvagement et laissent les possibles se multiplier sans limites. Toutes deux sont rappelées à la modestie d’un mois à l’autre. Toutes deux fonctionnent sur l’ignorance. Toutes deux butent sur l’énigme du temps. Toutes deux repartent sans cesse de zéro. »

Ce roman m’a bouleversée et fait pleurer à plusieurs reprises. L’amour de Théo pour son fils m’a énormément touchée. Il lutte, de manière imparfaite et incessante, pour ce garçon au grand cœur. Pour ce garçon qui ne cesse d’ouvrir les yeux sur les horreurs que les adultes refusent d’assumer. Le dérèglement climatique, les maltraitances animales, les excès de la surproduction et de la surconsommation. L’incapacité de se connecter au vivant.

Ce roman fait la part belle aux paradoxes humains. Tout au long du texte, les références scientifiques sont passionnantes. Après L’Arbre-monde et Le Temps où nous chantions, c’est un nouveau coup de cœur pour moi. Richard Powers sait m’émouvoir et me faire réfléchir dans chacun de ses romans.

« Quand l’école exclut Robin pour deux jours et mit sur l’affaire ses propres médecins, je me fis l’effet d’être un anachronisme, un dinosaure. À quoi bon chercher des explications ? Les vêtements synthétiques lui donnaient d’horribles plaques d’eczéma. Ses camarades le harcelaient parce qu’il ne comprenait pas leurs ragots malveillants. Sa mère était morte broyée quand il avait sept ans. Son chien bien-aimé était mort d’égarement quelques mois plus tard. Fallait-il aux médecins d’autres motifs de troubles du comportement ?

Face à l’échec des traitements à soulager mon enfant, je développai une théorie farfelue : la vie est une chose qu’il faut cesser de vouloir corriger. Mon fils était un univers de poche dont je n’atteindrais jamais le fond. Chacun de nous est une expérience en soi, et nous ne savons même pas ce qu’elle est censée tester.

Ma femme aurait su parler aux médecins. Personne n’est parfait, aimait-elle à dire. Mais vous savez quoi ? Nous sommes tous merveilleusement imparfaits. »


Qui mieux que Richard Powers pour en parler ?

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