Je m’imprégnais de chaque mot. À la fin de chaque court chapitre, je refermais le livre. J’inspirais profondément. J’expirais. Je laissais les sensations refluer. Doucement. Violemment. Ardemment.
C’est un livre dur. Beau. Difficile. Nécessaire. Il demande de prendre son temps. De le lire et de le vivre à la fois. D’écouter la musique de cette chanson particulière qu’est l’écriture. De cette chanson intemporelle. De la solitude qui devient partage.
« Ecrire n’est pas tout à fait un choix : c’est un aveu d’impuissance. On écrit parce qu’on ne sait par quel autre biais attraper le réel. Vivre, sans l’écriture, me va mal, comme un habit trop lâche dans lequel je m’empêtre. Il faut parfois rétrécir l’espace pour en entendre l’écho ».
Ces pages contiennent tant. En si peu de mots parfois. Questionnement de l’appropriation d’Anne Frank par la société. Anne Frank, l’adolescente devenue symbole et étendard, l’adolescente dont on élude trop souvent la déportation et la mort. Réflexion sur la judaïté. Sur la culpabilité des survivants. Sur les silences. Sur la présence et la trace des absents.
« Comme elle est aimée, cette jeune fille juive qui n’est plus. La seule jeune fille juive à être si follement aimée. Anne Frank, la sœur imaginaire de millions d’enfants qui, si elle avait survécu, aurait l’âge d’une grand-mère ; Anne Frank l’éternelle adolescente, qui aujourd’hui pourrait être ma fille, a-t-on pour toujours l’âge auquel on cesse de vivre. »
Lecture et expérience vivante, cet ouvrage est unique. Lisez-le. Partagez-le. Merci, Lola Lafon, pour toutes ces émotions, toutes ces réflexions.

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