C’est le deuxième essai que je lis de Mona Chollet et j’apprécie une nouvelle fois son travail de déconstruction, appuyé sur des exemples personnels et des références culturelles. Littérature, bien sûr, mais aussi cinéma, médias, publicités et magazines. Tous les supports sont bons pour envisager le patriarcat, pour le détricoter et réfléchir à ses impacts sur les relations hétérosexuelles.
Car dès les premières pages, Mona Chollet prévient : ce livre traite de l’amour hétérosexuel et monogame. En cela, mais aussi dans son point de vue exclusivement féminin (on aimerait entendre des voix d’homme sur de nombreux sujets évoqués), il a un côté « introductif ». Introductif, j’entends par là qu’il pose les bases pour d’autres recherches, qu’il pousse à creuser de nouvelles réflexions.
Quels rôles, quels standards, quelle place pour chacun dans le couple ? Comment nous défaire des modèles avec lesquels on nous bombarde de partout (pop culture, pression sociale, quotidien) ? La partie sur les violences conjugales et l’emprise est très difficile à lire. Celle sur les fantasmes féminins passionnante et dérangeante. À la fin de ma lecture, deux sentiments contradictoires m’ont bousculée. D’un côté, je sens toutes les améliorations de ces dernières années, le rôle des jeunes générations pour casser les codes. De l’autre, je sais que le chemin est encore très (trop ?) long.
« Les modèles que nous offre notre entourage, le bon sens populaire, les comédies romantiques, la régulation sociale subtilement opérée chaque jour par les mille et un commentaires que nous entendons et colportons autour de nous, avec ce qu’ils contiennent d’injonctions plus ou moins voilées, réitèrent et confortent sans cesse les clichés du bonheur. Nous mesurons la réussite de nos vies à la fidélité avec laquelle nous les reproduisons. »
Comment construire des relations plus solides, plus stables, plus respectueuses et plus inclusives ? Peut-on construire sur des fondations déjà existantes et espérer améliorer nos sociétés ? Ou faut-il démolir au préalable ? Des éléments de réponse se dégagent dans cet essai. Et le travail continue.
« Si les femmes peuvent si souvent passer pour des créatures capricieuses et tyranniques, aux demandes affectives exorbitantes, et les hommes pour des êtres solides, autonomes, à la tête froide, c’est parce que les besoins émotionnels des seconds, contrairement à ceux des premières, sont pris en charge et comblés de manière aussi zélée qu’invisible. Quand une femme est cataloguée comme trop exigeante, elle ne fait bien souvent que réclamer la réciprocité des attentions qu’elle prodigue. »

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