Une lecture de l’imaginaire plaisante et originale.

Et si, au début du XXème siècle, un métal incroyable avait été découvert, si incroyable qu’il aurait permis aux humains de voler grâce à sa radioactivité ? Quelles seraient les conséquences sur la société ? Dans son roman « Les temps ultramodernes », Laurent Genefort nous décrit ce monde parallèle au nôtre, dans lequel la cavorite (petit nom du précieux métal) bouleverse tout. Et notamment les colonies de la France, qui dépassent le cadre terrestre pour envahir… Mars !

« Le tout premier vol à cavorite

Record battu dans la catégorie du tour du monde en véhicule cavorié – c’est-à-dire plaqué de cavorite : il a été accompli en moins de cent vingt jours. On se permettra de rappeler que c’est à Alberto Santos-Dumont qu’il revient d’avoir effectué le premier vol. Ce fils de planteur brésilien revenu vivre en France a participé à un concours organisé par le célèbre mécène Henry Deutsch de la Meurthe, destiné à mettre à l’épreuve le vol dirigé.

Par un froid matin de février 1897, M. Santos-Dumont s’insère dans son appareil. Parmi les trois mille curieux, de simples badauds, mais aussi des reporters conviés pour l’occasion. Avec l’assurance d’une star de cinéma soucieuse de sa publicité, l’audacieux aéronaute pose devant un parterre de photographes, face à son engin : ‘guère plus qu’une caisse à savon’, a écrit un certain journaliste de L’Auto. »

Vous l’aurez compris, c’est un roman débordant d’imagination. L’auteur s’amuse à imaginer la France et l’Europe des années 1920s, période hautement troublée comme nous le savons, où la montée des fascismes et de la pauvreté se greffent à la présence de cette ressource révolutionnaire qu’est la cavorite. Cette dernière, comme le pétrole, est amenée à s’épuiser, et rapidement, comme l’aurait démontré Marie Curie.

Le roman a donc lieu en pleine crise économique ; tout le monde connaît l’inéluctable destin de la cavorite, amenée à disparaître, mais personne n’est prêt à s’y résoudre (cela sonne-t-il familier ?). C’est dans un Paris à la fois morose et bouillonnant que l’intrigue commence. Nous suivons plusieurs personnages, notamment Renée Manadier, institutrice fraîchement débarquée à la capitale, qui se retrouve dans une situation des plus inédites ; elle se lie d’affection pour un Martien qu’elle recueille secrètement dans sa pension.

« Soudain, des claquements retentirent : un volet sans doute, qui s’était libéré pour frapper la façade avec violence.

Une ombre frôla les toits. L’espace d’un effroyable instant, Renée imagina le conducteur imprudent d’une voiture volante, précipité par-dessus bord avant d’avoir pu négocier son atterrissage.

Elle n’eut pas le temps de lever les yeux. Une forme humaine, enveloppée dans une cape en cuir jaune sale à moitié rigide, s’abattit à ses pieds. Comme un cri lui échappait, la silhouette empêtrée tenta de se redresser. Un bruissement, et des membres fripés émergèrent de l’amas comme d’un parapluie démantibulé. Puis une tête, affreusement déformée, qui darda sur elle un regard humide.

Tout à coup, Renée comprit. Le saisissement arrondit ses lèvres.

‘Un erloor ! Un erloor de Mars !’ »

J’ai trouvé le début un peu long, mais j’imagine que cela est dû aux besoins de l’auteur de planter le décor. Puis l’intrigue prend une tournure intéressante (horrifique sur certains aspects) et, à l’instar de nombreux ouvrages de la littérature de l’imaginaire, nous amène à questionner la nature humaine. Ce n’est pas un coup de cœur, mais ce livre restera une lecture plaisante et originale, dans lequel j’ai apprécié l’histoire et l’évolution des différents personnages.

Le connaissez-vous ? L’avez-vous lu ? Il vous donne envie ?

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